CERTIBIOCIDE arrive, tant pis !


Rappelons que les entreprise de 3D (Dératisation, Désinsectisation et Désinfection) sont en attente d’une certification pertinente pour leur agents depuis que CERTIPHYTO, conçu à la base pour le monde agricole, était la seule voie existante. (voir notre article sur le sujet ici
http://hyform.blogspace.fr/3496109/Le-DAPA-et-CERTIPHYTO-sont-morts-vive-pas-grand-chose/)

Les textes de CERTIPHYTO prévoyant la possibilité de mise en place de modules de formation spécifiques pour les professionnels des 3D, les plus gros formulateurs /distributeurs de produits
phytopharmaceutiques (ou phytosanitaires) et biocides ont obtenu un agrément du ministère de l’Agriculture pour dispenser les formations nécessaires à l’obtention de cette certification individuelle. Ils ont de ce fait drainé une importante clientèle de professionnels ayant besoin d’une certification. Après tout, les affaires sont les affaires…


Oui mais… Les professionnels 3D œuvrant en hygiène publique n’utilisent pas des produits phytopharmaceutiques, mais des biocides… La logique voudrait donc qu’une certification BIOCIDE existe.« Après de longues et difficiles négociations avec les pouvoirs publics », selon l’ancien président de la Chambre Syndicale 3D, un cadre réglementaire a été fixé pour la
certification individuelle des applicateurs, et la certification des entreprises. En voici une présentation commentée.


1/ CERTIBIOCIDE

Il s’agira d’un dispositif calqué sur le modèle de CERTIPHYTO. A part que CERTIBIOCIDE sera un complément de CERTIPHYTO. C’est à dire qu’il faudra posséder les deux, et que la  certification BIOCIDE ne pourra pas s’obtenir seule…

Le référentiel de CERTIBIOCIDE fait la part belle à la réglementation, aux risques présentés par les biocides, à patin et couffin, mais rien de rien à la biologie des rongeurs et arthropodes visés par l’application des produits biocides !

Et comme, bien entendu, ce sont les mêmes centres qui délivrent les deux certifications, nos craintes évoquées dans un précédent article sont confirmées : les modules de formation sont
dispensés par une infime minorité de spécialistes de la lutte contre les rongeurs et arthropodes nuisibles… Où court-on avec des dispositifs réglementaires qui se préoccupent davantage de
préserver le pré carré des CFPPA des Lycées agricoles, que notre environnement ? Il est évident que si la lettre du Grenelle de l’environnement est respectée, le fond ne l’est pas.

CERTIBIOCIDE sera en effet une autre certification de type pharmacien, alors que le métier a un impérieux besoin d’une certification de praticien, puisqu’un applicateur établit un diagnostic, avant de conduire un traitement !

L’attention soutenue aux conférences du dernier salon PARASTEC 2012 qui traitaient de la lutte mécanique contre les punaises et de la résistance des rats aux anticoagulants, montre bien que les professionnels se sentent très concernés par la connaissance de la biologie des insectes et rongeurs nuisibles, puisque c’est un préalable obligé à la remise en question de pratiques professionnelles qui ont généré des souches d’insectes et rongeurs résistants aux pesticides, depuis ces quarante dernières années.

Or, il ne suffit pas d’utiliser quelques pièges mécaniques pour affirmer haut et fort sur des plaquettes commerciales que l’on fait de la « dératisation raisonnée ». Il convient d’actualiser ses connaissances sur l’éthologie des rats, des blattes, des puces, des punaises, pour envisager la combinaison de différentes techniques de lutte, permettant de consommer le moins possible de produits biocides. Or, rien de ce genre ne sera présenté dans les centres de formation et certification CERTIBIOCIDE…

Pourquoi cette stagnation et cet art de tourner en rond ? Il est facile de concevoir que « les longues et difficiles négociations avec les pouvoirs publics », évoquées par l’ex Président de la CS3D, sont le fait d’inerties politiques et structurelles : Un vieux routier du métier qui est toujours dans l’orbite de la Chambre Syndicale 3D, nous a confié que « jamais la Chambre Syndicale n’a trouvé des oreilles attentives à ses préoccupations dans les ministères de
l’agriculture et de l’environnement.

Il lui a été proposé des solutions « clef en main », préparées à l’avance par des technocrates qui ne connaissent vraiment pas grand-chose à la lutte contre les nuisibles, si ce n’est ce que leur racontent les industriels qui les courtisent , et les lycées agricoles qui tiennent à préserver leurs fonds de commerce du DAPA, et maintenant des CERTIPHYTO et CERTIBIOCIDE ».

Et de poursuivre que « le plus important est qu’une certification existe pour nous, car il sera toujours possible de la réformer plus tard ».
Dont acte.


2/ LA CERTIFICATION D’ENTREPRISE

Elle est nécessaire pour beaucoup de marchés publics et privés, et la profession se trouvait à jeun de la chose.

La CS3D, manifestement plus douée pour l’entregent dans les affaires plutôt que dans les cabinets ministériels, a mandaté le nécessiteux Bureau Veritas pour accompagner les entreprises de 3D vers une certification professionnelle.

Rassurons-nous, le Bureau Veritas va former plus de quarante auditeurs professionnels dans le domaine des 3D. Pour quoi faire ?

Une demi journée d’accompagnement, dont 75% sont consacrés à du contrôle documentaire, un interview du, ou de la, dirigeant(e), et le reste à du contrôle visuel du local du matériel, et des véhicules…

Le Bureau Veritas indique que les professionnels peuvent se préparer en utilisant le site
http://www.certificationphytosanitaire.fr/ … Allez-y faire un tour : on reste dans l’agricole pur et dur… Sacré Bureau Veritas !

Bref, loin de vérifier et certifier la compétence des applicateurs sur le terrain, il s’agit encore de  paperasserie et tracasseries qui profitent à des entreprises spécialisées dans le « il faut takayaka », car cela coûte des sous, bien sûr…

Le plus fort de café, c’est que Veritas vérifie que l’organisation de l’entreprise est conforme au référentiel de la profession. Or, ce référentiel n’existe pas… Sur quoi se base-t-on, alors ?

En fait, et comme par hasard, on retrouve la logique aride de la NFU 43-500… Une consultation de notre article sur le sujet peut s’avérer utileL

Pour faire simple, si l’on peut dire, l’entreprise doit mettre en place une traçabilité totale de ses prestation, en aval comme en amont. Donc, beaucoup de papiers bien classés.

Pour que la DRAF entérine la certification délivrée par le Bureau Veritas, il conviendra de présenter une assurance RCP en bonne et due forme.

Bref, tout le monde est content. Surtout les rats, souris, blattes, puces et punaises de lits…

Et bien continuons a faire comme avant. Au moins la profession est certaine d’avoir toujours du travail, car sans faire évoluer ses pratiques professionnelles , les réductions drastiques des
niveaux d’infestation de rats et de punaises des lits, ce n’est pas pour demain !

Pierre Falgayrac

http://www.hyform.fr