Quand la science se dévoie

Deux expériences de laboratoire avec des rats ont fait le buzz en fin d’année dernière :

Les rats ont été dressés à conduire de petits véhicules électriques avec de la nourriture, comme le font tous les dompteurs et apprivoiseurs d’animaux de la planète.

Des examens ont permis de constater que les rats qui conduisent sont moins stressés que leurs passagers (NDLA : comme chez les humains, donc), ce qui confirme de précédentes expériences avec des rats moins stressés quand ils maîtrisent des tâches difficiles.

« Cette découverte pourrait être utilisée pour comprendre comment l’acquisition de nouvelles compétences soulage le stress et l’influence des conditions neurologiques et psychiatriques sur les capacités mentales » (sur les humains), dit l’équipe de chercheurs.

Quelle découverte ? Il y a longtemps que l’on sait que les processus de motivation au travail reposent sur l’accroissement accepté de davantage de responsabilité et de complexité des tâches. Voir notre article de blog sur ce sujet ici : https://bloghyform.wordpress.com/2007/09/19/la-motivation-au-travail/

Et l’équipe d’ajouter : « (…) par exemple, les tests de conduite pourraient être utilisés pour sonder les effets de la maladie de Parkinson sur la motricité et la conscience de l’espace, ou les effets de la dépression sur la motivation, dit-elle. « Si nous utilisons des modèles plus réalistes et stimulants, cela peut fournir des données plus significatives ».

Le problème, comme nous l’écrivions déjà en 2007, est que la psychologie humaine à peu à voir avec celle des animaux, notamment parce que tous, et particulièrement les rats, n’ont pas d’égo, alors que les humains…

Comme l’a écrit l’éthologue Vinciane Despret, « les expériences sur les animaux de laboratoire nous en apprennent davantage sur les chercheurs que sur les animaux ».

Ceux de cette expérience sont donc des bricoleurs amusants.

Pour les rats qui jouent à cache-cache, la motivation de l’expérience scientifique est pitoyable : « Le neuroscientifique Michael Brecht de l’Université Humboldt de Berlin a eu l’idée de son expérience sur YouTube. « Il y a toutes ces vidéos YouTube de propriétaires d’animaux qui disent que leurs animaux aiment faire cela », dit-il. Bien qu’il soit notoire que les rats jouent souvent à des jeux compliqués, le cache-cache est tellement plus élaboré que Brecht s’est demandé s’ils pourraient le faire réellement. »

Michael Brecht écrit :« Après avoir vécu dans des cages, il a fallu un peu de temps pour que les six rats mâles adolescents de l’expérience se sentent à l’aise dans la pièce spacieuse. Mais une fois qu’ils se sont sentis en sécurité, ils étaient prêts à jouer. »

Nous avons donc à faire à des rats conditionnés, qui ont été apprivoisés (« entraînés ») par des récompenses : des caresses et des chatouilles.

L’article de Sciencemag dit : « De nombreux scientifiques pensent que c’est trivial, mais ce sont des comportements très complexes » parce que les rats assument des rôles différents, suivent des règles et même élaborent des stratégies pour se cacher, dit Brecht.

Et d’étudier le fonctionnement neuronal de la chose, dans le cortex préfrontal (impliqué dans les stratégies d’apprentissage chez les hommes, qui sont des mammifères comme les rats).

Brecht redécouvre alors que les rats ont des capacités cognitives… La cognition, pour faire simple est la faculté d’apprendre de nos expériences, sur le schéma « l’eau ça mouille, mais la pluie moins qu’un bain ». C’est grâce aux capacités cognitives des rats et des ragondins que Gunter Sacckman réalise un numéro de cirque : https://youtu.be/89w2iO5id2c?t=12 .

La science ne découvre donc rien de nouveau et s’interroge sur les motivations des rats apprivoisés : jouent-ils à cache-cache pour le plaisir ou pour une récompense ? Il est supposé que c’est pour le plaisir, et de conclure que les rats disposent « de rudiments du comportement humain ».

Comme tous les mammifères et bien des oiseaux…

Nos animaux de compagnie chiens, chats, perroquets, perruches, canaris, etc. apprécient aussi de jouer avec leurs maîtres quand les conditions sont sécurisantes. Le cortex préfrontal (chez les mammifères) est forcément impliqué à chaque foi ; est-ce une découverte scientifique ? Non.

Que ce serait utile, en revanche, que la science analyse l’effet du réchauffement climatique sur la reproduction des rats, histoire de démonter l’argument fallacieux utilisé par certains pour se dédouaner de la présence ostentatoire des rats à Paris.

Pierre Falgayrac

www.hyform.fr