L’interdiction de l’usage des rodenticides en appâtage permanent est aujourd’hui avalisé par la profession, qui utilise donc des appâts placébos (sans poison) dans les fameuses ceintures de stations d’appâtage à l’extérieur, et parfois aussi à l’intérieur, des bâtiments de leurs clients.
Il est évident que le contrôle visuel et manuel de nombreuses boites est chronophage et qu’en conséquence les technologies numériques sont intéressantes pour tout contrôler depuis un ordinateur, une tablette ou un GSM.
Le principe est simple : le passage d’un rongeur dans le dispositif de détection (capté par des capteurs thermique et infrarouge) est communiqué en temps réel sur l’appareil du professionnel. Ce qui lui permet de savoir où intervenir avec un dispositif de lutte active (AVK ou piégeage) ; et dispense bien sûr de se déplacer quand il y a zéro détection.
Et M. Kjaer, le patron d’Anticimex, qui propose un dispositif connecté, d’asséner SES vérités dans le dernier NPI (117), notamment :
- Son dispositif détecte les problèmes de rongeurs au fur et à mesure qu’ils apparaissent partout, même dans les réseaux d’égout ;
- L’analyse des données recueillies permet de mieux comprendre les raisons de l’activité des rongeurs ;
- Le technicien dispose de plus de temps pour inspecter et résoudre les problèmes sur un site ;
- Il permet de réduire les coûts de la main d’œuvre ;
Tout en reconnaissant que « les rongeurs ne passent pas forcément dans les postes d’appâtage et de détection », ce monsieur édicte que « seul un monitoring automatique qui encercle la problématique du site permet de faire un véritable monitoring » (autrement dit, il faut beaucoup de dispositifs connectés très onéreux).
Toutes ces assertions sont fausses.
Lors d’une formation faite récemment pour un client qui a obligation de son donneur d’ordres d’utilise des pièges Anticimex, voilà ce que nous avons constaté :
- L’installation et le réglage d’un piège à herse dans un égout demande plus de deux heures de travail à deux techniciens, qui doivent mettre en sécurité le tampon (signalisation pour les automobilistes), descendre l’appareil, le stabiliser et régler la hauteur des herses ;
- Si une caméra est adjointe, c’est une demi-heure de plus ;
- Le démontage, c’est à peine moins de temps, donc plus de 4 heures au total. Nous sommes loin d’une économie de main d’œuvre…
- L’efficacité du piège est mauvaise : des caméras montrent que pour un ou deux rats réellement tués, les herses ne se déclenchent pour rien lors du passage d’une grande quantité d’eau chaude (vidange de baignoire) ou de gros excréments ;
- Sans parler des rats qui hésitent à passer et font demi-tour.
Il est clair que les rats captent un danger avec l’informatique embarquée des pièges, qui émet un puissant signal wifi. C’est bien là que les modules de détection connectés sont un inconvénient : les mammifères animaux sont sensibles à des phénomènes qui ne nous dérangent pas nous, mammifères humains. Faut-il rappeler que chiens et autres chats, bovins chevaux… « captent » la survenance d’un tsunami ou d’un tremblement de terre avant même qu’ils ne se produisent ? Les propres vidéos de M. Kjaer, à l’époque où ces produits s’appelaient Wisecon, montraient des rats d’égout très hésitants à passer sous le piège et qui regardaient vers le haut (vers l’électronique), comme s’ils percevaient un danger. Nous pensons en effet que les rats sont sensibles aux ondes wifi.
Professionnels qui lisez ces lignes, dites-vous bien que placer des modules électroniques émettant en wifi, sur vos dispositifs de détection ou de lutte, n’est pas sans conséquences pour les rongeurs. Il y a de fortes chances pour qu’ils évitent les boites ou pièges ainsi équipés.
Passons rapidement sur le fait que les pièges Anticimex destinés aux égouts ne conviennent que pour les buses béton, c’est-à-dire là où il y a peu de rats puisqu’ils ne peuvent y creuser des terriers…
En surface, les dispositifs de surveillance, pardon de monitoring, qu’ils soient connectés ou non, n’ont qu’une efficacité très limitée, voire nulle, si les rats ont toujours accès à leurs sources de nourriture saine. Je prends pour exemple ce que j’ai constaté, lors d’un audit, dans un port céréalier où un alignement de boites d’appâtage se trouvait le long d’un mur, de l’autre côté de la route longeant les silos de grains. Il n’y avait que quelques consommations partielles relevées, autrement dit peanuts. Alors que crottes et traces de passages de rats étaient abondantes au pied des silos, où se trouvaient quelques boites d’appâtage, elles aussi peu visitées. Et pour cause : il y avait des grains partout… (voir aussi un précédent article de ce blog sur l’inutilité des ceintures de boites).
Rappelons que ce qui attire les rongeurs ce sont les odeurs alimentaires. Ce qui les fixe, c’est la possibilité d’accéder à cette nourriture et de nidifier à proximité.
Pour qu’ils s’en aillent, il y a deux solutions simples : les empêcher d’accéder à la nourriture ou les empêcher de nidifier (les deux seuls matériaux que ne peuvent ronger les murinés sont le béton sec et l’acier). Si aucune de ces deux choses n’est mise en œuvre, poser des boites ou des pièges connectés est aussi efficace qu’une miction dans un violon.
Professionnels, pour installer un dispositif de monitoring cohérent, il faut dans l’ordre :
- Appliquer une des deux solutions évoquées au paragraphe précédent ;
- Parfaire l’étanchéité des bâtiments concernés (laine d’acier ou béton) ;
- Installer des dispositifs de surveillance aux seuls accès possibles, et dans les locaux où sont stockées les matières premières arrivantes ;
- Il possible de marier surveillance et traitement en utilisant des pièges multiprises sans biocides, comme les Mimétic Mhouse ou les Ekomile.
Avec ces pièges, le comptage des captures est simple et indéniable : il s’agit de compter le nombre de rongeurs noyés.
Nous pensons que les meilleurs systèmes de détection passifs sont les caméras infrarouges. Il convient d’en utiliser plusieurs pour couvrir l’ensemble de la surface à protéger. Les caméras doivent donc être installées en hauteur et réglées pour couvrir des surfaces différentes. C’est la suggestion que nous avons fait au Museum d’Histoire Naturelle de Paris qui souhaitait étudier les rats du Jardin des Plantes, qui ignoraient les pièges destinés à les capturer. Les caméras ont permis de détecter 600 rats différents, en les suivant depuis la sortie de leurs terriers vers les points de nourriture. Preuve que la détection par caméras infrarouges est pertinente..
Pour faire passer cette conception de monitoring auprès de vos client IAA, nous vous proposons de leur présenter une analyse écrite du risque nuisibles, tenant compte de la situation globale du ou des bâtiments (environnement, voisinage, étanchéité), de la gestion des matières premières et des déchets, des conditions de stockage des produits finis…
A chaque fois que nous avons fait des audits en IAA, nous avons établi une analyse du risque nuisible qui a abouti à une réduction significative du budget consacré au plan de lutte.
Si vous souhaitez savoir comment établir une analyse du risque, telle que décrite dans la norme EN-166-36, nous pouvons le faire dans le cadre d’une formation à distance.
Pierre Falgayrac
Vous devez être connecté pour poster un commentaire.